Un bilan contrasté en 2024 pour la Sica Saint-Pol

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    La Sica Saint-Pol a connu, l’an passé, un tonnage en baisse et un chiffre d’affaires en hausse. Et elle se projette dans l’avenir, notamment grâce à un bilan carbone tout frais.

    Marc Kerangueven, président, Olivier Sinquin, directeur, et Thomas Quilleveré, secrétaire général de la Sica Saint-Pol. © Popcorn

    La production légumière de la Sica Saint-Pol, dans le Finistère, s’est inscrit à la baisse de 5 %, à 168 200 tonnes (avec 521 exploitations et 741 producteurs), mais son chiffre d’affaires a gagné 5 %, à 190 M€. Si l’on y ajoute son activité horticole (40 M€, en baisse de 9 %), le chiffre d’affaires consolidé atteint 230 M€. Il s’agit là d’un bilan contrasté, ont expliqué ses dirigeants le 17 mars, trois jours après l’assemblée générale de la coopérative.

    La tempête Ciaran en début de campagne légumière a entraîné des pertes significatives sur les cultures, estimées par la Sica « entre 15 et 20 % ». Sur le reste de la campagne, la météo a été plus clémente avec des températures modérées et une pluviométrie abondante « favorables aux cultures de plein champ ». Échalotes, oignons, choux romanesco, courges, petits pois, choux pommes… ont enregistré une croissance de leur chiffre d’affaires à deux chiffres.

    En revanche, les poids lourds de la gamme de la Sica (47 légumes) que sont les choux-fleurs et les tomates ont accusé une baisse de respectivement 3 et 2 % de leur chiffre d’affaires. Pour le chou-fleur (24 % du CA des légumes de la Sica), c’est la confirmation d’une tendance baissière de la production à l’échelle de la Bretagne. « La production est passée en vingt ans de 200 à 90 millions de têtes de choux-fleurs par an par manque de rémunération et de personnel », constate Marc Kerangueven, président de la Sica et de Prince de Bretagne.

    Compenser le manque de main-d’œuvre

    Pour pallier ces contraintes, la coopérative travaille à la mise au point d’une machine de récolte automatique pour compenser le manque de main-d’œuvre, un mal récurrent dans les champs. Autre source d’inquiétude : la baisse des surfaces cultivées en légumes. En trois ans, « nous en avons perdu 1 019 hectares, pour arriver à 10 356 hectares », poursuit le président.

    Il faut donc redonner goût aux producteurs de cultiver du légume. La Sica s’y emploie. Elle a mis en service en 2024 une nouvelle endiverie pour relancer une production déclinante. En un an, l’outil est déjà saturé et la coopérative affiche un tonnage de 4 314 tonnes d’endives et de carmines.

    Les Nord-Finistériens poursuivent leurs travaux de R&D pour développer de nouvelles cultures : la vanille a été lancée, la framboise est à l’étude, par exemple. Et ils prennent soin d’accompagner plus efficacement les installations (47 en trois ans, soit une installation pour deux départs en moyenne) par de l’accompagnement administratif et du cofinancement bancaire.

    Enfin, la Sica veut accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre de ses activités. Elle a réalisé l’an passé son premier bilan carbone. L’ensemble de ses activités émet un peu plus de 188 000 tonnes de CO2 équivalent carbone, soit 836 kg de légumes pour 1 000 € de chiffre d’affaires.

    Différentes actions vont en découler : écrans thermiques plus performants sur les serres à tomates à court terme, électrification ou hybridation des engins dans les stations, etc. Des actions spécifiques aux légumes de plein champ sont prévues dans les prochaines années. Pour accompagner cette transition, la Sica dégage cette année 5 M€ de subventions aux investissements vertueux dans les exploitations.