UGPBAN : des revendications face aux distorsions de concurrence

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    « En 2025, beaucoup de planteurs disparaîtront : je suis inquiet pour l’avenir », témoigne Francis Lignières, président du groupement bananier LPG (Les Producteurs de Guadeloupe). Près d’un producteur sur deux a déjà disparu depuis 2007.

    © UGPBAN

    La filière bananes de Guadeloupe et Martinique traverse en effet une crise phytosanitaire et économique majeure. Ces territoires sans saison froide sont propices à la culture du bananier, mais aussi au développement de maladies fongiques telles que la cercosporiose noire. L’UE et la France ont progressivement supprimé les moyens de lutte chimique contre cette maladie.

    De 9 solutions curatives en 2019, il n’en restait que 3 en 2023. En 2011, l’Europe a interdit les traitements phytosanitaires par avion, laissant comme seule alternative les traitements sous frondaisons, moins pratiques et moins efficaces. En conséquence, cette maladie engendre des pertes de rendement de l’ordre de 10 à 20 % au champ. « Il y a dix ans, il fallait 800 régimes de banane pour produire 1 000 caisses contre 1 500 régimes aujourd’hui. » Sans compter les pertes, de l’ordre de 6 000 tonnes, à l’arrivée au port de Dunkerque.

    Au total, on estime à 30 millions d’euros par an les coûts de la cercosporiose noire. Les coûts de production de la filière, engagée dans la transition agroécologique, sont de fait passés de 1 000 à 1 500 €/t, tandis que la production française de bananes a, elle, chuté à 185 000 tonnes en 2024, alors qu’elle atteignait 273 000 tonnes il y a dix ans.

    Traitements agricoles par drone

    Les opérateurs dénoncent une distorsion de concurrence face aux bananes d’imports qui bénéficient de produits non autorisés en Europe et dont ils évaluent les coûts de production à 500 €/t. Dans ce contexte, les traitements agricoles par drone permettraient de réduire la pénibilité au travail et l’exposition des applicateurs, « tout en réduisant de près d’un tiers les quantités de produits utilisées ».

    Deux propositions de loi ont été déposées pour autoriser les traitements dans certaines cultures, dont les bananeraies, à l’aide de drones. Néanmoins, seuls les produits de biocontrôle, les produits utilisables en bio et « à faible risque » seraient autorisés. Une « demi-solution » selon la filière banane des Antilles, qui revendique que tous les produits homologués par l’Anses puissent être appliqués par ces drones.

    Les producteurs de bananes demandent également que « la possibilité de planter des bananiers NGT résistants à la cercosporiose noire leur soit offerte le plus rapidement possible et dans des conditions ne créant pas de distorsion de concurrence avec les pays tiers, notamment en matière d’étiquetage ».