Après quatre ans du projet Climatveg, Vegepolys Valley, partenaires et financeurs ont partagé un bilan des actions réalisées en faveur de la résilience des filières végétales des régions de l’Ouest face au changement climatique en cours.
Ce jeudi 13 mars avait lieu à Nantes une journée de clôture et d’échange autour du projet Climatveg (pour climat et végétal). Cofinancé par les Régions Pays-de la-Loire et Bretagne (avec l’Ademe Bretagne) et doté d’un budget de 5,4 M€, ce projet multifilière avait été lancé en février 2021, pour une durée de quatre ans sous le pilotage de Vegepolys Valley, mobilisant 80 partenaires et plus de 350 agriculteurs et acteurs économiques. « Au-delà de la recherche fondamentale, il nous semblait important d’aller au plus près des acteurs de terrain avec de la recherche précompétitive. Il faut avoir de l’audace et oser innover pour accélérer la transition » a souligné Lydie Bernard, présidente de la commission agriculture du Conseil régional des Pays-de la-Loire. Dans le cadre de ce projet, 24 actions de recherche et d’expérimentation ont été lancées pour faciliter la transition et favoriser la résilience des systèmes agricoles en grandes cultures (céréales, fourrages) et végétal spécialisé (arboriculture, viticulture, maraîchage, production de semences). Climatveg répondait à trois objectifs :
- Créer de la connaissance sur les climats de demain (2040-2100) et les impacts sur des cultures du territoire ;
- Expérimenter des solutions innovantes centrées sur le végétal, la couverture du sol et l’utilisation de la ressource eau ;
- Mettre à la disposition des agriculteurs et décideurs des solutions concrètes pour accélérer leur transition.
« L’objectif de Climatveg était d’impulser une dynamique collective afin d’imaginer des approches mobilisant des leviers liés aux plantes, au sol et à l’irrigation. En tant que pôle de compétitivité dédié au végétal, ce projet a permis des temps de partage réguliers et nombreux entre les acteurs des différentes filières. Avec les partenaires, nous avons concentré nos efforts sur la création d’outils de sensibilisation et de scénarios d’adaptation aux climats futurs ainsi qu’aux tests, en laboratoire et en conditions réelles, de solutions innovantes qui doivent contribuer à la résilience des filières végétales de l’Ouest. En effet face au défi climatique, il n’existe pas de solution unique mais un ensemble de leviers à combiner », a détaillé Flavie Delattre, présidente de Vegepolys Valley.
Une forme de « méditerranéisation »
Un premier travail de projection sur le climat des régions Bretagne et Pays-de la-Loire à un horizon proche (2020-2049) et dans un avenir plus lointain (2070-2099) a montré une forme de « méditerranéisation » des températures de l’Ouest. Selon le laboratoire CNRS LETG (Littoral, environnement, télédétection, géomatique) de l’Université de Rennes 2, la température actuelle de Bordeaux pourrait être dépassée en 2050, d’abord en Pays-de la-Loire puis en Bretagne. En fin de siècle, celle de Nice pourrait l’être sur une large partie des territoires des Pays-de la-Loire et de Bretagne, excepté le Finistère. Le changement climatique ne concerne pas uniquement les températures mais aussi la pluviométrie, l’intensité des aléas, leur répétition, etc.
« Comme un signe de ce dérèglement climatique, les quatre années du projet Climatveg ont été marquées par une forte variabilité saisonnière ainsi que des occurrences et intensités variées d’aléas climatiques. »
Un des livrables de ce projet est Climaléas, un outil de diagnostic personnalisé permettant de sensibiliser et diagnostiquer la vulnérabilité d’une exploitation (viticulture, arboriculture, grandes cultures, bovins/fourrages).
Parmi les actions mises en avant lors de cette journée, des essais d’implantation de couverts végétaux en polyculture élevage, la production de références locales sur les besoins en eau des cultures, et en particulier sur l’impact du stress hydrique sur la culture de tomates.
L’objectif de cette action menée par le Caté était d’évaluer l’impact d’une réduction significative de 30 % de l’apport en eau sur une culture de tomate cultivée en hors-sol et en pleine terre. L’impact du stress hydrique a été mesuré à la fois sur les performances agronomiques (rendement, poids des fruits…) et sur la qualité sensorielle (mesures physico-chimiques sur les fruits, tests de dégustation). Des références ont été acquises à la fois sur des variétés de tomates connues en production et sur des variétés présentant une capacité à développer une haute qualité gustative dans des conditions de forte salinité. En hors-sol, les essais ont comparé le comportement au stress hydrique de plusieurs types de substrats. Les essais réalisés en sol ont cherché à réaliser des économies en s’affranchissant du plein en eau habituellement effectué en hiver.
La diminution des apports en eau de 30 %, pour des cultures en sol ou en hors-sol, a eu pour conséquence une récolte de fruits plus petits, avec en moyenne 10 % de production en moins en hors-sol et 2 % en sol pour la tomate de type grappe, cette typologie étant celle qui permet de mieux valoriser la ressource en eau (ratio litre par kilogramme le plus bas). « La culture en hors-sol valorise mieux l’eau apportée, mais est plus sensible aux pertes de production en cas de stress hydrique », a observé Damien Penguilly, directeur du Caté.
Une collection de 25 webinaires
D’un point de vue organoleptique, le stress hydrique impacte positivement les mesures physico-chimiques indicatrice de la qualité sensorielle des tomates : degré Brix et acidité titrable plus élevés, avec davantage de matière sèche. « En revanche, des dégustateurs ne sont pas en mesure de distinguer les tomates moins arrosées de celles arrosées normalement. Une valorisation du goût pour compenser la perte de production ne paraît donc pas envisageable. »
Les résultats détaillés sont disponibles ici : https://www.station-cate.fr/projets/climatveg-tache-4-5/
En complément de cette journée de clôture, une collection de 25 webinaires permet de revenir sur l’ensemble des expérimentations menées (les replays sont disponibles en ligne : https://www.vegepolys-valley.eu/projet-climatveg/webinaires-finaux/#webi00). Certaines ont abouti à des solutions validées qui sont actuellement exploitées ou pourront l’être dans les années à venir. D’autres ont permis d’écarter des hypothèses de travail, à la suite de résultats infructueux.
« La région Pays-de-la-Loire devrait voter un budget de deux millions d’euros pour la poursuite du travail au travers d’un projet Climatveg 2 », a annoncé Lydie Bernard.