La campagne 2020 avait été marquée par un déficit ayant touché les quatre grands producteurs européens. C’est une nouvelle campagne négative qui s’annonce.
Les professionnels de la filière pêche-nectarine en Europe (Grèce, Italie, Espagne, France) ont tous qualifié la campagne 2020 d’atypique, lors du troisième volet des mardis de Medfel, consacré entre autres à la diffusion des prévisions de récolte 2021 sur cette catégorie de produits. Rappelons que cette campagne a été marquée par la crise-Covid générant son lot de stress et d’incertitudes – recrutement des saisonniers, coûts additionnels liés aux protocoles sanitaires, comme l’ont rappelé nos voisins espagnols –, ainsi que par les aléas climatiques (pluies en Grèce sur la première moitié de campagne, gel et grêle à des degrés divers selon les régions), la précocité de la campagne s’étant caractérisée par un déficit marqué en fin de saison sur plusieurs pays, en France et en Italie en particulier. L’Italie qui a atteint le minimum historique en 2020, avec 751 000 t et 50 % seulement de ses exportations – sur un potentiel de 1,2 Mt en année dite normale – va plonger encore un peu plus en 2021, avec 667 000 t prévues, selon Elisa Macchi, directrice du CSO.
Au global, la récolte 2020 a atteint les 2,2 Mt, dans des proportions identiques des années atypiques 1997, 1998 et 2003. Soulignons la faiblesse de la production de pêches et nectarines plates, essentiellement en Espagne, qui est le plus gros contributeur européen avec 263 000 t, les autres pays ne distinguant pas encore le segment des fruits plats dans leurs statistiques. En dépit de ces aléas, Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France, reconnaît une année « assez positive », tant en matière de qualité des fruits que de consommation au rendez-vous, avec le « seul regret » du début de « campagne difficile ».
Pour 2021, va-t-il falloir subir et s’habituer durablement au déficit de production ? Les prévisions laissent entrevoir un nouveau recul, une fois encore lié aux aléas climatiques : gel sévère d’avril après une floraison précoce. L’Europe passera vraisemblablement sous le seuil fatidique des 2 Mt, avec 1,8 Mt estimées pour les pêches, nectarines, fruits plats, à l’heure où nous écrivons ces lignes, et 2,4 Mt si on cumule avec les pavies : 667 000 t pour l’Italie (nouveau record à la baisse), 160 000 t pour la Grèce pour les seules pêches-nectarines , soit – 45 % par rapport à l’année précédente, et 200 000 t pour les pavies, soit – 50 % comparé à 2020, 933 000 t pour l’Espagne, 115 000 t pour la France, tous segments confondus. C’est 15 % de moins comparé à 2020 et 36 % de moins sur la moyenne 2015/2019. Même constat pour les pavies destinées à l’industrie : 544 000 t annoncées (- 27 % comparé à 2020, – 28 % sur la moyenne 2015/2019). Georges Kantzios, de la coopérative Asepop en Grèce, annonce des hausses de prix significatives sur le marché de l’industrie. En synthèse, 2021 s’annonce peu ou prou comme la récolte la plus faible des trente dernières années à l’échelle européenne !
La France accuse un recul sévère, surtout en Vallée du Rhône, similaire à celui de l’Italie sur la moyenne 2015/2019 (- 42 %) et – 34 % comparativement à 2020. En Espagne, le gel de la deuxième quinzaine du mois de mars a touché plus de 16 000 ha de pêches en Espagne, dont 6 000 ha en Aragon, 5 000 ha en Catalogne et 3 000 ha dans la Région de Murcie, avec, comme en France, parfois des pertes de 100 % sur certaines parcelles (source Enesa, Entidad Nacional de Seguros Agrarios). Les professionnels rappellent qu’il est à craindre une production clairsemée, non linéaire, entre déficits et normalité à certaines périodes. Il reste à mobiliser l’ensemble de la filière pour faire passer ces messages aux consommateurs.