Pommes et poires : « Les voyants sont au vert »

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    Salle comble pour le traditionnel rendez-vous de la filière pommes et poires. L’ANPP a annoncé une offre française quantitative sans être pléthorique, du fait d’une récolte européenne faible et d’un report de stock modéré.

    lancement de campagne de l’ANPP
    Le 28 août à Paris. © végétable

    Producteurs, grossistes, distributeurs, industriels ont largement répondu présent pour la journée de lancement de campagne de l’ANPP organisée le 28 août à Paris. Au programme, comme chaque année, les prévisions de volumes, bilan économique, point technique et présentation du plan de communication 2024/2025, et surtout « des échanges stimulants pour entamer avec enthousiasme cette nouvelle campagne », a lancé à l’assemblée Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, en ouverture. « Une fois n’est pas coutume, on pourrait dire que les années se ressemblent. »

    En pommes, la situation en France est relativement proche de l’année passée, à 1,463 Mt (contre 1,508 Mt en 2023 et 1,427 Mt sur la dernière moyenne triennale). « Correcte avec des volumes qui se maintiennent, tout en restant en-deçà de son plein potentiel du fait de rendement en baisse structurelle » a commenté Vincent Guérin, responsable des affaires économiques de l’ANPP.

    Les professionnels restent toutefois optimistes, compte tenu du contexte européen. Les prévisions de Prognosfruit début août ont en effet confirmé une baisse significative de l’offre européenne (à 10,207 Mt en 2024 contre 11,512 Mt pour la récolte 2023), tirée vers le bas sur le front est (-20 % sur la zone), notamment en Pologne, fortement impactée par le gel au printemps. À l’été 2024, les stocks français sont un peu lourds (59 000 tonnes), mais « rien d’alarmant si on les met en perspective des stocks européens ».

    Demande à lexport significative

    En conventionnel comme en bio, les variétés internationales (Golden, Gala, Granny en tête) poursuivent leur baisse (-9 % sur les dix dernières années), tandis que les variétés club sont tendanciellement en progression (-1 % par rapport à la campagne précédente mais +14 % sur dix ans) et que les variétés dites de terroir confirment leur position (+7 % par rapport à 2023).

    Autre point rassurant, la demande à l’export semble déjà significative, à l’image de 2023. La dernière récolte a en effet connu une bonne dynamique (25 000 tonnes de plus que la campagne précédente), et retrouvant ainsi son niveau de 2021, grâce à la reprise de quelques parts de marché en Europe. Sur le grand export, la baisse se fait structurelle en Extrême-Orient et au Moyen-Orient, mais le souffle vient du continent américain, et notamment au sud, avec des volumes qui progressent tout en restant limités en valeur absolue.

    L’ANPP a surtout rappelé à ses partenaires commerciaux, démonstration chiffrée à l’appui, que, même si des efforts ont déjà été réalisés, le prix reste le nerf de la guerre. « Sur un plan économique, force est de constater que le coût des moyens de production reste à un niveau élevé et que les prix d’équilibre bord verger 2024 sont au même niveau que l’an dernier. Les manifestations agricoles de janvier ont permis de prendre conscience du niveau important des contraintes techniques et réglementaires qui pèsent sur les arboriculteurs français, générant de réelles distorsions avec les autres producteurs européens. »

    Récolte de poires d’été abondante

    En 2023, les cotations ont été plus élevées que les cinq années précédentes, avec une accélération en fin de campagne, pour atteindre en moyenne 0,93 €/kg en nu départ, 1,10 €/kg en logé départ, tandis que Kantar enregistrait des prix moyens de vente à 2,19 €/kg. « Cette campagne n’a encore pas permis d’atteindre l’équilibre économique, ce qui freine fortement les investissements dans les entreprises, notamment le renouvellement des vergers », a souligné Pierre Venteau, directeur de l’ANPP. « La production attend à nouveau l’implication des acteurs de l’aval pour garantir la réussite du démarrage commercial de la campagne à tous les stades et assurer la pérennité de la filière. »

    En poires, après une campagne 2023 déficitaire, la situation française semble se redresser, sans non plus atteindre son plein potentiel. Les professionnels attendent 119 200 tonnes en 2024 (vs 104 000 tonnes en 2023 et 103 000 tonnes en moyenne triennale), et 1,790 Mt en Europe (source Prognosfruit). 

    En France comme en Europe, la récolte des variétés de poires d’été devrait être abondante, tandis que les variétés d’hiver, en particulier la Conférence, seront déficitaires. « Il faut s’attendre à un éclaircissement rapide du marché. »

    poire et pommes
    © végétable