Pomme : « repenser les modèles »

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    La Journée nationale pomme a mis en évidence le moment de bascule qu’est en train de vivre la filière.

    journée pomme
    Robot autonome Agxeed.© végétable

    La Journée nationale pomme organisée sur le site du CTIFL/la Morinière*, le 20 juin dernier à Saint-Épain (37), a révélé le moment de transition que vit la filière : entre menaces réglementaires et émergence de nouveaux bioagresseurs susceptibles de mettre en péril les modèles de production actuels, érosion de la consommation en frais et moindre valorisation de la segmentation depuis le retour de l’inflation**, développement de la production ailleurs (notamment en Pologne, qui devient un géant en Europe), mais en même temps, prototypes et essais de nouveaux matériels en verger susceptibles de « révolutionner la façon dont on va produire demain », selon les professionnels… « L’anticipation reste une condition sine qua non de réussite. C’est la difficulté au sujet de la main d’œuvre, du renouvellement des générations, les contraintes auxquelles il va falloir adapter nos cultures qui nous obligent à repenser les modèles », a introduit Ludovic Guinard, directeur délégué du CTIFL.

    Alors, « comment concilier la qualité des pommes pour le consommateur face aux évolutions réglementaires ? », a adressé Daniel Sauvaître, président de l’ANPP (Association nationale pommes-poires) à la filière. Inlassablement, les producteurs témoignent de leur sentiment de désarroi et d’impuissance face à la machinerie réglementaire qui a fait disparaître 600 matières actives (plus les 136 qui sont menacées), sans alternatives aussi efficaces entre 2009 et 2020 en Europe.  Le cas de la gestion du puceron cendré, présenté par une équipe de professionnels de l’expérimentation en France (CTIFL, Cefel, Sudexpé, La Pugère), en est un des exemples parlants. Si certaines huiles essentielles (menthe poivrée, ail, patchouli en tête), savons, barrières physiques et plantes de service peuvent avoir une efficacité, l’hétérogénéité et les situations d’échecs sont encore trop fréquentes au verger. Mais le vent pourrait-il tourner ?

    Task force européenne

    Le témoignage de l’ex-directeur d’Assomela en Italie et fin connaisseur des institutions européennes, Alessandro Dalpiaz, a donné de l’espoir : il est possible d’influer sur les décisions de la Commission européenne, sur la base de dossiers d’argumentaires « béton ». L’exemple du captane, qu’il porte, a été édifiant et la preuve qu’une task force européenne réunie peut agir. « La voie professionnelle a été prise en considération grâce à des arguments dont la Commission n’avait pas connaissance, comme les prévisions de perte de récolte dans le Trenta en Italie et 99,07% des pommes sous la barre de 30% de la LMR », a-t-il précisé, sachant que le sort de ce produit devrait être connu lundi 24 juin. 

    Dans la série des adaptations au verger, nombreuses sont les nouvelles solutions en expérimentation ou déjà prêtes, ce qui augure de vraies ruptures pour l’arboriculture, combinant : des variétés résistantes, des porte-greffes résistants et productifs, une conduite biaxe prête à accueillir la mécanisation pour aller vers un verger bas intrants, des outils, comme la cartographie, permettant une agriculture de précision. À condition d’être (encore) en capacité d’investir dans le verger de demain.

    Dans les démonstrations, on soulignera les robots autonomes capables de fonctionner plusieurs heures et de nuit – présentation d’Agxeed® et Vantage®, pour préparer les sols et les semis, entre autres – et le premier prototype gonflable et rétractable d’une solution totale de protection des vergers (contre le gel, la grêle, la pluie, la neige…) imaginée et développée par Michelin, ce qui modifie la façon même d’appréhender le verger de demain (voir notre actualité spécifique).

    * Programme complet accessible ici : https://www.ctifl.fr/journee-nationale-pomme

    ** Présentations très détaillées, notamment, de Matthieu Serrurier (CTIFL) et de Vincent Guérin (ANPP).

    Ludovic Guinard. © végétable
    Daniel Sauvaître (ANPP), Xavier Le Clanche (ANPP), puis assis : Romain Tessier (ANPP), Françoise Roche (FNPF), Jean Nougaillac (Flecoop), Alessandro Dalpiaz (ex-Assomela, Italie), Franziska Zavagli (CTIFL). © végétable