Pesticides : cultivons les alternatives !

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    Au sein du pôle Vegepolys Valley, de nombreuses initiatives naissent pour cultiver des alternatives aux produits chimiques dans l’agriculture.

    La France, qui consomme chaque année 80 000 tonnes de pesticides (3e rang mondial), s’est engagée à réduire de moitié son utilisation de produits phytopharmaceutiques d’ici 2025. Si, du point de vue de la productivité, l’emploi de substances chimiques reste la solution la plus rentable, ces pratiques ne peuvent plus être envisagées comme une solution à long terme, tant pour la fertilité des sols que pour la santé des consommateurs. Ces problématiques intègrent sept axes d’innovation, dont la santé des plantes, sur lesquels Vegepolys Valley* et ses 500 adhérents se mobilisent. Le pôle a accompagné et labellisé de nombreux projets collaboratifs et académiques sur cette thématique, notamment les initiatives Sucssed, Deep Impact et Trichoderma. Ce dernier projet, porté par Cybèle Agrocare, pôle agronomique du groupe industriel français Proxis Développement, vise à cultiver des alternatives naturelles en développant une gamme de bio-intrants dérivés du champignon Trichoderma. L’objectif : soutenir les filières de l’arboriculture, du maraîchage et de la viticulture dans la lutte contre les bactérioses.

    Les « Trichoderma sp. » appartiennent à la famille des champignons ascomycètes qui compte plus de 150 000 membres (dont les morilles, penicillium sp. ou encore les levures). Les premières publications scientifiques à propos de Trichoderma sp. datent des années 30 : elles révèlent leur capacité à produire des antibiotiques. Pourtant, sur les 600 espèces de Trichoderma sp. recensées, seulement 4 sont aujourd’hui exploitées. Aline Brutel, ingénieure R&D chez Cybèle Agrocare, détaille : « Aujourd’hui, s’il existe déjà des produits à base de Trichoderma sp. sur le marché, certaines espèces aux caractéristiques très intéressantes ne sont pas mises à contribution. Dans le cadre de ce projet, nous avons tout d’abord procédé à la mise en place d’une souchothèque qui permet de recenser le maximum d’espèces présentes sur notre territoire. Une campagne de prélèvements a ainsi été organisée en Pays de la Loire, autour de Nantes et d’Angers ainsi qu’en Vendée. Aujourd’hui, nous sommes dans la seconde phase du projet : le criblage qui consiste à tester et vérifier l’efficacité des souches prélevées contre les agents pathogènes, fongiques et bactériens. L’objectif serait la découverte d’une souche capable de contrer plusieurs facteurs de maladie. » À terme, ces recherches seront matérialisées sous la forme d’une poudre mouillable, pulvérisée dans les champs ou utilisée dans le traitement des semences. Les offres qui en découleront constitueront une alternative naturelle aux produits chimiques et permettront d’enrichir une production végétale compétitive, de qualité, respectueuse de l’environnement, de la santé des consommateurs et des producteurs.

    * Vegepolys Valley est né en 2019 de la fusion de deux pôles de compétitivité : Céréales Vallée – Nutravita basé à Clermont-Ferrand, spécialisé dans les grandes cultures, et Vegepolys basé à Angers, dédié au végétal spécialisé.

    Aline Brutel est ingénieure R&D chez Cybèle Agrocare. © DR