L’Agence Bio a délivré le 9 juillet à Paris les chiffres clés 2020 du marché bio. La croissance reste réelle, malgré la crise. Mais certains objectifs ne sont pas atteints.
Avec une hausse de +16% sur l’année 2020, les légumes frais continuent leur croissance. L’Agence bio relève un essor particulier sur les légumes de plein champ, entrant en rotation avec les grandes cultures : pommes de terre (+1 000 ha), carottes (+400 ha), oignons (+200 ha) se partagent le haut de l’affiche. Les fruits présentent a contrario la progression la plus faible en surfaces (+8% tout de même). Dans le détail, les fruits à coque (amande, noix, noisette, pistache, châtaigne/marron) connaissent la plus forte progression (+16% et 43,7% de ces produits sont cultivés en bio). Les surfaces de fruits à pépin et à noyau ne progressent que de 5%, notamment un petit +3% pour les pommes, dans un contexte de marché à maturité vécu par les opérateurs.
Le Président Philippe Henry et la directrice Laure Verdeau se sont montrés globalement optimistes. En effet, plus globalement toutes filières confondues, pour la première fois en 2020, le marché du bio a franchi le cap des 13 milliards d’euros, soit +12,2% de croissance. La consommation bio a doublé en cinq ans. Le seuil symbolique des 50 000 exploitants agricoles bio a été dépassé, pour atteindre 53 255 producteurs, soit près de 12% des agriculteurs français. « Les trois grandes région bio restent l’Occitanie, la Nouvelle-Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes, mais nous sommes heureux de voir que la dynamique remonte au Nord de la France. En Hauts-de-France notamment, avec un potentiel agronomique intéressant » souligne Philippe Henry. Cette région affiche 13% de croissance, et +20% pour le Grand Est. Sur l’ensemble de l’Europe, « la France est très bien placée », puisqu’elle occupe la première place en termes de surface agricole bio. En 2019 (chiffres 2020 non encore connus), Allemagne et France représentent à eux seuls plus de 53% du marché bio de l’UE « Avec 6,5% de la dépense alimentaire des ménages en 2020, la bio est vraiment bien installée dans la consommation des ménages » commente Laure Verdeau. La grande distribution est toujours motrice dans ce marché, affichant +11% de croissance et 55% de parts de marché. Côté distribution spécialisée, les chaînes continuent à gagner du terrain. Sans réelle surprise sur cette année atypique, le marché de la RHD a chuté (baisse de 21% à 505 M€), avec un report sur la consommation à domicile.
Sur fond de critiques lancinantes concernant le hiatus entre les valeurs de la bio et le recours aux importations, Laure Verdeau est fière de rétorquer « que nenni ! La part des importations en produits biologique est restée stable en 2020, semblable aux années précédentes autour de 33,5%. Nous sommes très fiers d’apporter notre pierre à l’édifice de la souveraineté alimentaire française ». Une part qui descend à 20,9% sans les produits tropicaux dont la production métropolitaine est limitée ou impossible.
Mais certains objectifs ne seront pas atteints, comme celui des 15% de la SAU en 2022, « à cause d’un effet d’échelle. Les surfaces évoluent peu car les exploitations bio sont plus petites. Il y a un vrai enjeu à mettre en place une politique publique qui accompagne la conversation pour atteindre cet objectif de 400 à 450 000 ha » selon Philippe Henry. De même pour le marché de la restauration collective, pour lequel l’objectif des 20% de produits bio dans les cantines reste un leitmotiv (seulement 6% atteint en 2019). « Si demain on pouvait atteindre les 20%, le marché du bio remonterait tout de suite à 1,4 milliards d’euros » souligne encore Laure Verdeau, qui se félicite de voir que l’enjeu commence à « faire son chemin dans la tête des chefs d’entreprises. On attend que ça, que les assiettes en restauration collective deviennent bio ! ».
Parmi les autres actualités, après le Congrès mondial de la bio sous le parrainage de Nicolas Hulot prévu du 6 au 10 septembre, l’Agence Bio prévoit de fêter ses vingt ans en octobre prochain.