Ce dimanche 11 juin, l’outil de recherche et d’expérimentation des maraîchers nantais a été saccagé par un groupe d’activistes. Soutenus par Légumes de France et de nombreux représentants politiques, la Fédération des maraîchers nantais a aussitôt annoncé déposer plainte.
Déjà mis en cause dans les très médiatisées dégradations des mégabassines de Sainte-Soline, en mars dernier, le collectif des Soulèvements de la Terre avait annoncé, quelques jours auparavant à l’antenne de France Inter, préparer une action en Loire-Atlantique contre l’exploitation de carrières de sable.
Sur le parcours de la manifestation jusqu’au Château des ducs de Bretagne, dimanche 11 juin, le convoi a procédé à différentes actions de désobéissance civile. Ils ont déterré des pieds de muguet, culture emblématique de la région mais jugée « non essentielle », et surtout saccagé les serres expérimentales du CDDM (Comité départemental de développement maraîcher), à Pont-Saint-Martin.
Les maraîchers nantais pris pour cible
Associé à d’autres collectifs locaux (Attac 44, La Tête dans le sable…), les activistes du groupe Les Soulèvements de la Terre, ont pris pour cible les maraîchers nantais, décriés comme « agro-industriels destructeurs et responsables de l’accaparement des terres », selon leurs publications sur Facebook, dans un combat fourre-tout contre l’extraction de sable et la bétonisation, pour la défense du bocage et de l’agriculture paysanne, mais aussi contre la dégradation des conditions de soins liée au prochain transfert du CHU de Nantes…
« Le seul moyen d’endiguer le désastre est de démanteler les structures polluantes », a scandé la jeune activiste Léna Lazare dans l’émission « La terre au carré » du 8 juin, assumant la destruction de matériel au nom de la cause écologiste.
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Des opérations menées en toute impunité et à visage découvert, sous l’œil des forces de l’ordre et avec le soutien d’élus verts locaux. Alors même que le groupe, qualifié d’écoterroriste par Gérald Darmanin, devrait être dissolu, selon l’annonce du le ministère de l’Intérieur.
Cette opération a provoqué la stupéfaction des professionnels et de nombreuses personnalités, dont Valérie Delmotte-Masson, rapporteuse du GIEC, qui s’était pourtant associé au collectif Les Soulèvements de la Terre dans un ouvrage paru le 9 juin*.
Ces activistes savaient-ils que les serres du CDDM abritent des essais de culture économes en eau et exemptes de pesticides ? Car ils ont piétiné des parcelles de salade associées à des plantes de services. « Comble de l’ignorance et du ridicule, l’installation détruite à la Fédération des maraîchers nantais accueillait des expérimentations en agroécologie sur 3 000 m2 de recherche sur les solutions de cultures palliatives de l’usage de pesticides. Les dégâts provoqués retarderont les programmes liés notamment à des appels à projets régionaux », a déclaré Légumes de France, qui a immédiatement témoigné de son soutien.
Inquiets pour les semaines à venir
« Nous n’avons jamais réussi à ouvrir un dialogue avec ces collectifs, pour leur expliquer les efforts que nous faisons dans le sens de l’agroécologie. Julie Larnoes (députée de Loire-Atlantique et ancienne présidente du MIN) a tout bonnement refusé notre invitation à visiter nos structures de production », a regretté Valentin Bonfils, maraîcher à Bourgneuf-en-Retz et secrétaire de la Fédération des maraîchers nantais. « Nous aimerions tourner la page et aller vers un apaisement de la situation, mais nous sommes inquiets pour les semaines à venir. »
Certains producteurs craignent d’être à nouveau victimes de sabotage de leurs installations de pompage. Le collectif a en effet déclaré démarrer une campagne « 100 jours pour les sécher » pour alerter sur les questions d’irrigation, visant aussi bien la FNSEA que le luxe aquatique.
* On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la Terre, paru aux Éditions Seuil.