Le collectif Planet-score a convié une diversité d’acteurs à un événement consacré à la transparence environnementale dans le secteur agroalimentaire.
Avec cette question « comment répondre aux vrais enjeux environnementaux de la transition agroalimentaire », ce sont plus d’une centaine d’entreprises, agriculteurs, institutionnels, industriels, distributeurs et étudiants qui se sont retrouvés à Paris le 5 juillet dernier pour partager leur expérience et leurs résultats autour de l’utilisation du Planet-score®. Cet événement était parrainé par Émery Jacquillat, président de la Communauté des entreprises à mission*.
Partant de constats – les limites planétaires sont « largement franchies » –, ces acteurs engagés dans la transparence vis-à-vis de l’urgence écologique et climatique ont témoigné sur la nécessité d’adopter « un étiquetage environnemental clair, exigeant et anti greenwashing ». Après le très controversé éco-score** , ces entreprises ont unanimement adopté le Planet-score®, qui vient d’être primé comme outil transformatif***. « Il est nécessaire de redonner le pouvoir au consommateur. Pour cela, il faut lui donner une information claire et transparente. Cela modifie alors son comportement, car il utilise son bon sens ! C’est ce que nous avons réalisé quand j’ai repris la Camif en 2009 », pointe Émery Jacquillat. D’autres travaillent de plus en plus à réduire leurs impacts et augmenter leurs services pour la planète, telle Omie & Cie, jeune entreprise qui a décidé de miser sur une démarche vertueuse et d’en mesurer les effets à travers le Planet-score® : démarche filière sur toute la chaîne de valeur « qui nécessite un travail de fond sur le terrain », sélection des partenaires producteurs en agriculture régénérative, « prix juste » c’est-à-dire « réconciliation du prix et de la valeur », transparence totale sur la traçabilité et le « qui gagne quoi ». « Il faut pouvoir tout dire, même ce qui est difficile », milite Coline Burland, co-fondatrice, qui a fait ses armes auparavant chez Carrefour et Franprix. Parmi ses engagements, se trouve celui d’utiliser le Planet-score® dans une démarche d’amélioration continue.
« Le Planet-score® est un bel outil qui permet de communiquer au consommateur dans la confiance. Pour cela il faut poser des actes, des preuves. Quand on travaille sur ces sujets, c’est beaucoup d’investissement, mais très enrichissant » reconnaît David Garbous, fondateur de l’agence Transformation positive, après une vie professionnelle de vingt ans au sein de majors (Danone, Fleury Michon…). Chez Monoprix, 150 produits ont déjà été scorés. « Nous avons été convaincus par la robustesse de l’outil Planet-score®, permettant un degré d’analyse assez fin », annonce Karine Viel, directrice du développement durable et déléguée générale de la Fondation Monoprix. Concrètement, l’outil a permis à l’enseigne de mettre en évidence les produits et entreprises qui étaient « plus avancés que les autres », de travailler en priorité sur les bonnes pratiques filière « avec l’amont agricole qui concentre 84 % des impacts, avant l’emballage ou le transport ». Chez Franprix, « une centaine de produits de notre marque a déjà été scorée et l’ensemble de quelques mille références de notre marque le sera dans le mois qui viennent », annonce Marie-Estée François, coordinatrice des engagements qualité et RSE de l’enseigne.
Au final, « c’est la coopération qui va rendre possible de relever tous ces enjeux : entre scientifiques, chercheurs, entreprises, associations de consommateurs, entre des marques et la distribution, et c’est ça qui est remarquable », synthétise Émery Jacquillat. Le Planet-score® est utilisable par toute organisation, quelle que soit sa taille. À date, plus de 140 entreprises dont engagées et 15 000 références évaluées. La démarche essaime en Europe (dix pays engagés en juillet 2022, contre la seule France en décembre 2021). Outil d’amélioration continue, il se focalise en priorité sur les pesticides, la biodiversité, le climat, mais également d’autres critères comme le bien-être animal en élevage. D’ici la fin d’année, le Planet-score® devrait être enrichi en prenant en compte les critères sociaux (revenus et maintien des agriculteurs). « On a besoin d’équilibre et de cohérence, sinon on va importer nos produits », reconnaît Pierrick de Ronne, président de Biocoop.
* La loi Pacte a introduit la qualité de société à mission, permettant à une entreprise de déclarer sa raison d’être à travers plusieurs objectifs sociaux et environnementaux.
** Voir notamment l’interview de Jérémie Wainstain dans notre édition d’octobre 2021.
*** Le Planet-score® a été récompensé le 19 mai dernier par le Premier prix de Retail for good, dont l’objectif est de valoriser les démarches RSE dans le secteur de la distribution.