La Serail devient « l’unité de Brindas » rattachée au CTIFL de Carquefou. Elle a présenté le 4 juillet dernier ses axes de recherches actuels et futurs sur les légumes périurbains. Une spécificité porteuse et à forts enjeux.
Après La Morinière en 2021 et La Tapy au printemps dernier, c’est au tour de la Serail (Station d’expérimentation régionale en légumes rhônalpine) à Brindas dans le Rhône d’avoir été officiellement intégrée par le CTIFL le 30 juin dernier, avec une inauguration officielle le 4 juillet sur place. Un projet envisagé de part et d’autre depuis 2017.
« Votre confiance est une grande richesse », s’est exprimé Ludovic Guinard, directeur opérationnel du CTIFL à l’attention de Luc Veyron, jusque-là président de la Serail, qui a constamment œuvré au développement d’un outil répondant aux problématiques des producteurs, mû par l’intérêt général autant qu’un engagement à toute épreuve. Eric Brajeul, directeur du centre CTIFL de Carquefou, était également présent, aux côtés d’une partie des équipes.
« Il ne s’agit pas de faire un “petit CTIFL” ici, mais de développer des projets en lien avec le territoire, d’aboutir à une unité pilote visant à développer la production maraîchère diversifiée pour nourrir les grandes agglomérations. L’idée est aussi de déterminer demain des systèmes plus pilotables et plus facilitants pour attirer des jeunes à l’installation », ont expliqué Ludovic Guinard et Eric Brajeul.
Une unité du CTIFL de Carquefou
Concrètement, cette unité de Brindas – dans l’attente de lui trouver un nom plus évocateur –, qui travaille sur les légumes plein champ et sous abris froids en situation périurbaine, devient rattachée de façon fonctionnelle au CTIFL de Carquefou, au même titre que deux autres unités (sols et abris). Avec une spécificité : l’ancrage régional, qui en fait ici un atout.
Symbole de l’architecture régionale des filières, le président de la chambre régionale d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, Gilbert Guignand, a également participé à cette inauguration. Car les choix stratégiques et orientations des thématiques de R&D de l’unité de Brindas « remonteront » par l’organe de l’organisation stratégique régionale, le CSL (Comité stratégique légumes).
L’enjeu de redynamiser la filière régionale
Les enjeux de cette intégration sont bien connus : bénéficier et accéder à l’ensemble des infrastructures du CTIFL, mais également remobiliser les producteurs à se servir de leur outil régional qui se déploie sur 6 ha, et donc renforcer le transfert et les résultats d’expérimentation. Un point de vigilance que souligne Émilie Leray, responsable de l’unité de Brindas, qui souhaite en faire un axe de redressement à part entière sur le long terme.
Légumes périurbains et durabilité en poupe
Les recherches menées dans cette nouvelle unité du CTIFL portent sur les légumes périurbains spécifiquement. Les thématiques de travail sont et seront orientées essentiellement vers la gestion climatique, la fertirrigation, la protection des cultures dans un contexte de diminution des matières actives autorisées, les plantes de service, la biodiversité fonctionnelle et la gestion de l’eau. En plein champ, les sciences du sol sont remises au cœur des recherches.
La journée s’est poursuivie par la présentation des principaux résultats d’essais en cours, ainsi que par des démonstrations de nouvelles technologies, sondes connectées et filets d’ombrage par des partenaires machinismes (Diatex, Elatec, Naïo technologies, Novaxi, Renolit, Ondex, Sencrop, Texinov, Xenilabs).
Régulation naturelle et retour au sol de compost métropolitain
Parmi les projets présentés, citons-en deux qui illustrent particulièrement les préoccupations actuelles et créent le pont entre ville et campagne. Le premier est « Cosynus » (Conception de systèmes maraîchers favorisant la régulation des organismes nuisibles), un projet en co-animation avec Arthropologia, une association naturaliste qui accompagne l’ensemble des acteurs professionnels et le grand public à favoriser la biodiversité. Le second est une expérimentation sur le retour au sol du compost de biodéchets métropolitains en maraîchage biologique sur l’agglomération lyonnaise, en 2023-2025.
Un projet qui fait particulièrement sens, alors que la métropole de Lyon enjoint ses administrés à composter leurs déchets verts, en installant des points de collecte sur l’ensemble du territoire (objectif : 2 000 bornes à fin 2024), et projette de produire 21 000 t de compost par an d’ici à 2025 à destination du retour au sol, dans une visée industrielle.
Retrouvez dans notre prochaine édition de septembre des éléments de détail et des résultats sur ces deux projets.
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