Stéphane Amarsy, expert en intelligence artificielle, a présenté un état de l’art. Son mantra : « Il faut s’occuper du changement avant qu’il ne s’occupe de vous. »
Une conférence sur l’intelligence artificielle a été organisée lors du salon Sival à Angers, par Gautier Semences, qui, en tant qu’entreprise semencière, s’intéresse aux impacts que pourrait avoir cette nouvelle technologie sur son secteur. Prouesse technique, promesse d’amélioration du quotidien et d’un gain de productivité dans un monde où tout va déjà très vite, face à l’IA nous sommes convaincus… ou sceptiques, voire réfractaires : elle amène la perspective d’une transformation importante de nos modes de vie.
Internet est d’ores et déjà envahie d’images générées par l’IA, et même de vidéos troublantes de réalisme. Il sera de plus en plus complexe de savoir si une information est vraie. Bientôt, nous disposerons tous d’avatars personnels, grâce à la modélisation des expressions du visage et des tics de langages, capables de répondre et de décider en notre nom.
Désormais, certaines IA dépassent déjà les humains dans les tests de QI. « D’ici 2030, 30 % de nos achats seront effectués par nos clones IA », prévoit Stéphane Amarsy, ce qui suppose une révolution de la relation client.
Par ailleurs, la performance et la fiabilité d’une IA reposent sur la source des données qu’elle utilise. Celles-ci sont donc le cœur de la compétitivité, notamment pour les IA spécialisées (développées pour résoudre des problèmes spécifiques), car elles reposent sur des données très techniques.
Des tâches amenées à évoluer
Dans le domaine agricole, ce type d’IA peut détecter et identifier les maladies par analyse d’images (prises par drones, par exemple), analyser l’humidité avec des capteurs dans le sol et optimiser l’irrigation de manière autonome, prédire les rendements, automatiser la récolte avec des robots… Des tâches auparavant exécutées par différents corps de métiers, qui ne disparaîtront pas nécessairement, mais seront amenées à évoluer.
D’après le World Economic Forum, sur un groupe représentatif de 100 employés, seuls 41 % ne seront pas impactés d’ici 2030. Le reste connaîtra un perfectionnement, nécessitera une formation, si elle existe, ou une reconversion. Ainsi, de quelles manière les métiers de producteurs, de technico-commerciaux ou d’ingénieur agronomes seront-ils amenés à évoluer ? Sur quelles tâches l’IA nous remplacera-t-elle ?
On peut aussi s’interroger sur la perte de sens : les professionnels seront-ils toujours animés par leur métier si l’on touche directement à ce qui en fait l’intérêt ? « Nous ne sommes pas prêts sociétalement face à la vitesse d’évolution de l’IA. Nous ne sommes qu’au tout début de ses avancées. 2025 sera un tournant. Il faudra être acteur de cette transformation, car elle touche tout le monde. »
En parallèle d’un gain de productivité, ces changements impliqueront une adaptation du modèle de certaines entreprise, pour ne pas perdre leur expertise. « Nous allons cohabiter avec l’IA quels que soient nos métiers. Dans les dix prochaines années, il faudra se questionner non pas sur ce qui va changer, mais sur ce qui ne changera pas, et l’utiliser comme socle de construction. En agriculture, un certain nombre de choses ne changera pas ! » tempère Stéphane Amarsy.
Enfin, si le potentiel de l’IA semble n’avoir comme limite que l’imagination, les malthusiens alertent sur le caractère très énergivore de cette technologie : le prix de l’énergie (si ce n’est la législation !) sera peut-être un frein à son développement.