Fruits à noyau : bilan de campagne en demi-teinte

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    L’heure est venue de se retourner sur une campagne 2024 atypique, qui laisse perplexe la filière des fruits à noyau.

    station abricots
    © végétable

    « La campagne 2024 a été compliquée, dans un contexte d’inflation et de crispation politique, perturbée par trois week-ends d’élection », déclare Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. « Par ailleurs, la nécessaire mise en application de loi Agec a fortement handicapé les petits calibres et les premiers prix. »

    Avec globalement +4 % de volumes de pêches et nectarines par rapport à la campagne précédente, la saison 2024 s’avère correcte pour la majorité des producteurs français, bien que fracturée en deux périodes. Le marché s’est d’abord montré très difficile, avant d’être au contraire sous-approvisionné. « Le chevauchement entre origines Espagne et France n’a vraiment pas posé de difficulté particulière cette année, mais la précocité de notre production, avec 15 jours d’avance pour de nombreuses variétés, a provoqué des difficultés très tôt », note Raphaël Martinez, directeur de l’AOP Pêches et Abricots de France.

    « En revanche, la forte précocité cette année a perturbé le marché en décalant les volumes. » Avec +40 % de volumes en juin et +30 % en juillet par rapport à une année normale, l’offre s’est trouvée largement excédentaire, tandis que la météo et l’ambiance politique morose était défavorables à la consommation. « Ensuite, quand les gens étaient nombreux en vacances, avec l’euphorie olympique et surtout l’effet positif de la météo, nous avons manqué de volume », continue Raphaël Martinez.

    Des volumes en abricots en net recul

    Et les nombreux écarts de tri (problème de conservation, boisage, insectes, petits calibres) pendant toute la saison ont amplifié le phénomène de sous-offre. « Même si le prix moyen de la saison est équivalent à N-1 (selon Kantar), la rémunération du producteur est amoindrie, du fait de ces déclassements. » Le bilan de la campagne d’abricots est très hétérogène. Comme annoncé dès fin avril, elle se solde avec des volumes en net recul, de -32 % en moyenne, mais qui masquent d’importantes disparités.

    Et malgré des niveaux de prix globalement soutenus, les très faibles volumes de certaines variétés n’ont pas suffi à compenser les charges. En Rhône-Alpes, les producteurs ont constaté entre -50 et -80 % de volumes de Bergeron par rapport au potentiel normal de la variété. « Est-ce que le changement climatique suffit à expliquer ce phénomène d’alternance particulièrement marqué ? En tout état de cause, les cycles phénologiques sont sérieusement perturbés », s’interroge Raphael Martinez. Et la précocité de la production française d’abricots s’est ajoutée à ce premier phénomène. « Les volumes sont arrivés plus tôt, pour ne pas dire trop tôt, à une période plus risquée commercialement, face à la concurrence espagnole et avec une météo plus incertaine. »

    Le pic de production habituel s’est concentré sur la fin juin, à un moment où le pouvoir d’achat est traditionnellement plus bas. En lien avec ce déficit de l’offre, la consommation d’abricot a donc mécaniquement baissé cette année en France, de -23 % par rapport à la précédente saison selon les chiffres Kantar (et de -12 % par rapport aux trois dernières années). Par ailleurs, le marché export, qui peut jouer un rôle régulateur, continue de régresser et ne représente plus que 10 % des ventes cette année