Entourée de ses homologues belge, espagnol et italien à l’occasion de son assemblée générale, Felcoop a salué l’orientation donnée par la nouvelle Commission européenne en matière de politique agricole commune tout en alertant sur les moyens à mobiliser pour tenir les ambitions de souveraineté alimentaire.
Le 9 avril, à l’occasion de son assemblée générale annuelle, Felcoop a mis l’Europe au cœur de ses échanges. La fédération a convié à Paris ses partenaires de longue date — les organisations de coopération belge, espagnole et italienne — pour partager une lecture commune de la feuille de route politique tracée par le nouveau commissaire européen à la souveraineté alimentaire, Christophe Hansen, à deux ans de la prochaine réforme de la PAC et dans un contexte particulièrement mouvementé.
La priorité affichée par la nouvelle commission européenne, en rupture avec l’orientation du Green Deal et du Farm to Fork, a été saluée dans son principe. « Œuvrer ensemble pour un secteur plus attractif pour les générations futures », a résumé Mauro Poinelli, chef d’unité DG-Agri à la Commission européenne, rappelant que seuls 12 % des agriculteurs européens ont aujourd’hui moins de 40 ans.
Une ambition accueillie favorablement par les professionnels, mais sous conditions. « Nous devons obtenir des moyens à la hauteur des ambitions de souveraineté de l’Europe », a insisté Christophe Rousse, nouveau président de Felcoop. Il a réaffirmé l’importance du programme opérationnel, un levier unique qu’il faut pérenniser.
Dans un contexte d’instabilité géopolitique, de dérèglement climatique et d’accélération technologique, la PAC reste un pilier stratégique. Encore faut-il qu’elle soit équitablement appliquée. La surtransposition française, dénoncée par Felcoop, engendre des distorsions de concurrence au sein même de l’Union. Christophe Rousse a appelé à harmoniser les règles relatives à l’usage de l’eau, aux autorisations de produits phytosanitaires, citant l’exemple des producteurs français de noisette privés d’acétamipride.
Dix priorités définies par les agriculteurs européens
Il a également interpellé la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, sur la concurrence marocaine en tomate, non soumise à droits de douane. Sur le terrain, la déception est vive : « Le plan de souveraineté fruits et légumes a suscité beaucoup d’espoirs mais a été sacrifié sur l’autel des finances publiques », a regretté Christophe Rousse, rappelant que les aides promises pour les serres n’ont pas été versées.
Juan Antonio Gonzalez, président du conseil fruits et légumes à la Coopération espagnole, a listé dix priorités définies par les agriculteurs européens pour la PAC post-2027. « Nous avons plus que jamais besoin d’une Europe unie et puissante », a-t-il insisté. En clôture, la ministre a reconnu les convergences de vue avec les représentants professionnels sur les enjeux de simplification, de compétitivité et de réciprocité des normes. « Le réarmement alimentaire est un enjeu régalien, au même titre que le réarmement sanitaire ou militaire », a affirmé Annie Genevard.
Cette assemblée générale s’est tenue alors que 2025 sera l’année internationale des coopératives. Luc Vanoirbeek, secrétaire général du VBT (Fédération des coopératives horticoles belges) et président du GT F&L de la Copa-Cogeca, a rappelé l’objectif de poursuivre l’organisation de la production (46 % de la production en 2022). Malgré une forte baisse du nombre de producteurs entre 2012 et 2023, reflétant la perte globale de 37 % d’agriculteurs), la VPC (valeur de la production commercialisée) augmente.
Depuis un pic en 2017, le nombre d’OP dans le secteur des fruits et légumes recule (1510 OP F&L en Europe), résultat de nombreuses fusions de coopératives. À noter que la moitié des organisations de producteurs européennes sont reconnues dans le secteur des fruits et légumes.