Après l’année de crise 2021 qui avait vu les volumes d’abricot en Europe s’effondrer suite à la vague de gel de printemps, 2022 retrouve globalement des couleurs. Sauf en Espagne, durement touchée par de nouveaux épisodes climatiques au printemps dernier.
Avec une prévision de près de 515 000 tonnes au niveau européen, la récolte d’abricots 2022 se situe 31 % au-dessus de la très déficitaire 2021, mais sans euphorie : rappelons qu’elle est de – 8 % comparativement à la moyenne 2016-2020. « On s’attend à une année moyenne, voire moyenne moins, loin des pics que l’on a pu connaître comme en 2019 », témoigne Éric Hostalnou, chef du service fruits et légumes à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, graphiques d’évolution sur la durée à l’appui.
« Avec une prévision à 65 000 t, soit + 17 % par rapport à 2021, on devrait se situer en deçà du potentiel optimal mais à des niveaux corrects », synthétise Georges Kantzios, représentant de la Coop Asepop, en Grèce. Ce ne sera pas le cas de l’Espagne, qui accuse un nouveau coup dur climatique (gel « extrêmement violent », en particulier au nord dans la zone de Lerida, et trombes d’eau qui se sont abattues en avril dans les principales zones de production). « On parle d’un potentiel 2022 d’à peine 59 000 t. 50 % de notre capacité totale est affectée », annonce, dépité, Manel Simon de l’Afrucat. La situation est d’autant plus alarmante que l’Espagne a misé depuis plusieurs années sur un renouvellement variétal en abricot dans une orientation premium pour l’exportation, avec une dynamique observée en production, dont végétable s’est plusieurs fois fait l’écho. La baisse est de – 37 % par rapport à 2021 et – 52 % rapportée à la moyenne 2016-2020.
En Italie, après le recul sévère de la production l’an passé suite au gel de printemps, le soulagement revient en 2022 avec une hausse attendue de + 40 % à 260 000 t (+ 11 % par rapport à la moyenne 2016-2020). Mêmes perspectives en France, où l’on attend une production de près de 130 000 t (soit + 125 % par rapport à l’année exceptionnellement faible de 2021 et + 8 % sur la moyenne des cinq dernières années). Un niveau « correct » estimé. L’épisode de gel d’avril dernier s’est soldé par quelques pertes selon les zones de production (certains côteaux de la Vallée du Rhône, la haute vallée de la Têt, les Baronnies), mais de façon limitée. « La filière compte donc sur la saison 2022 pour oublier les quatre dernières, marquées par deux gels et deux épisodes de grêle qui avaient amputé une part importante de la production », espère Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et abricots de France. « Nous sommes plutôt optimistes, car on a enfin de l’abricot français. Un bon potentiel malgré une baisse tendancielle des surfaces en France. »
« La saison peut commencer. L’organisation, forte de ses 600 producteurs, est prête ! » annonce Raphaël Martinez, directeur de l’AOP. La filière devra toutefois composer avec la période inflationniste, « une explosion des coûts, une nouvelle hausse du Smic ».
En toile de fond, la crise ukrainienne vient ajouter des « facteurs d’incertitudes indirects », dans un contexte déjà caractérisé par un embargo russe depuis 2014. En cascade, le marché attend des cascades de ré-exportations et réorientations (Biélorussie, pays de l’Est). La flambée des matières premières n’épargne pas la hausse significative des coûts de production de l’abricot (+ 30 à 40 % observés en moyenne avant même le conflit ukrainien, dont les emballages).