Des céréales entre les minivergers

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    Après cinq années d’expérimentation, la parcelle alternant minivergers de pêchers et cultures céréalières bio, sur la plateforme TAB de la Drôme, livre ses premiers résultats.

    Imaginez une parcelle délimitée de grandes haies brise-vent. A l’intérieur, dessinez une succession de bandes de cultures : blé (18 m de largeur), pêchers (3 rangs sur 60 m de large), soja (18 m), pêchers (3 rangs), maïs semence (18 m). Le tout est jalonné d’une haie basse diversifiée, pour accueillir insectes et animaux auxiliaires de culture. L’ensemble, cultivé en bio, couvre 3 ha, situés sur la plateforme TAB, station d’expérimentation de TAB (techniques alternatives et biologiques) à Étoile-sur-Rhône, portée par la Chambre d’agriculture dans la Drôme.

    Ce système d’agroforesterie fruitière a été implanté en 2013, dans l’objectif d’expérimenter une combinaison de cultures adaptées au territoire et aux filières locales, en utilisant les principes de l’agroforesterie et de l’agroécologie, c’est-à-dire, en usant des complémentarités entre arbres et cultures, et entre biodiversité et productions. En recherchant les synergies et en créant un écosystème favorable à la production. Les dimensions des « bandes » ou strates ont été choisies pour permettre la mécanisation et l’optimisation du travail, tout en conservant les synergies entre cultures et entre îlots de biodiversité. Les bandes céréalières sont emblavées successivement par diverses cultures, formant des rotations autonomes où alternent des cultures d’hiver et de printemps, des légumineuses, pour une couverture optimale du sol.

    Quels résultats ? Au terme de l’année 2018, seules deux récoltes de pêches ont été entières (entrée en production en 2015, et grêle en 2016 et 2018). La moyenne de récolte obtenue atteint l’objectif visé, avec environ 15 tonnes commercialisables par hectare, et elle augmentera avec l’entrée en plein potentiel du verger. Les cultures de soja, blé tendre et colza montrent également des résultats positifs, avec des rendements commercialisables moyens de 42 t/ha, 43 t/ha et 25 t/ha. Le maïs semence est un peu en deçà des objectifs, avec 15 t/ha, ainsi que la fèverole d’hiver, avec à peine 20 t/ha en moyenne entre 2013 et 2018. Globalement, au niveau agronomique, l’ensemble montre une production satisfaisante.

    Concernant les résultats environnementaux, la parcelle montre une biodiversité remarquable, avec 50 espèces de carabes et 35 espèces d’oiseaux nicheurs recensées ! L’apport des haies et des nichoirs est clairement démontré, avec 90 % des nichoirs occupés dès la première année de pose. Et des indices de prédation des chenilles (type tordeuse orientale) par les oiseaux sont mesurés jusqu’au cœur de la parcelle, à 80 m de distance des haies. Économiquement, l’étude souligne que la commercialisation des productions en AB permet de valoriser le risque agronomique. Au final, la marge nette totale de la parcelle se situe à un niveau intermédiaire entre celle d’une parcelle exclusivement arboricole, et celle d’une parcelle céréalière. Selon les années, elle varie entre 0 € (grêle) et 17 000 € (pleine récolte de 2017). La pluralité des productions permet de lisser les risques liés aux aléas climatiques ou accidents de culture, ainsi que la charge de travail. L’expérimentation du système agroforestier se poursuit sur la plateforme TAB. En plus de la parcelle existante, d’autres combinaisons de cultures vont être mises en place, coconstruites avec les agriculteurs locaux, intégrant d’autres enjeux locaux comme le changement climatique et l’irrigation, en plus de la diminution des intrants et l’augmentation de la biodiversité fonctionnelle. 13 partenaires techniques et 6 partenaires financiers soutiennent la TAB, parmi lesquels l’Inrae, la LPO, le CTIFL et le Grab.

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