Olivier Sinquin, le directeur de la Sica Saint-Pol, dans le Finistère, nous éclaire sur l’importance de la communication en période de crise.
Comment les adhérents de la Sica et les salariés se sont-ils adaptés à la situation nouvelle liée au Covid-19 ?
Pour les 150 salariés de la Sica comme pour les 6 000 salariés équivalents temps plein de nos 800 producteurs (soit 610 exploitations adhérentes qui ont produit l’an passé 237 000 tonnes de légumes), il a fallu rassurer les gens dans la crise. Pour les salariés du siège, la direction a imposé le télétravail pour 70 % d’entre eux dès le lundi midi 16 mars, soit quelques heures avant que le président de la République annonce le début du confinement du lendemain midi. Ils sont rentrés chez eux avec leur ordinateur et les outils logiciels pour travailler à distance. Dans nos 21 stations de conditionnement, en revanche, il a fallu s’organiser. Il n’y a pas eu de cas de droit au retrait : tout le monde a fait preuve d’une grande solidarité envers les adhérents. Sur les plus petits sites de collecte et de conditionnement de légumes, des masques-visières ont été distribués à tout le monde. Les horaires de repos ont été aménagés pour éviter que les gens se rassemblent au même moment.
Vous avez beaucoup communiqué ?
Effectivement. J’ai passé beaucoup de temps auprès des salariés des stations pour leur expliquer l’importance du respect des gestes-barrières. La communication se poursuit chaque jour, car tout le monde n’a pas la même sensibilité dans cette crise. Quotidiennement, le chef d’équipe interroge les salariés sur site. La transparence est essentielle. Nous avons eu deux cas de grippe saisonnière, sur lesquels nous avons communiqué, mais zéro cas de Covid-19. La nouvelle organisation de travail et les mesures spécifiques mises en place dans nos stations spécialisées, en février, lorsque la présence du virus TOBRFV a été confirmée dans l’exploitation d’une coopérative voisine, nous ont été utiles. Nous avons moins été pris au dépourvu quand le coronavirus est arrivé. Nous ne sommes pas en première ligne face au virus comme les soignants, mais il y a une vraie solidarité avec nos adhérents. Nous avons observé cette même solidarité de la part de salariés, de commerçants, d’étudiants… venus donner un coup de main dans les champs pour aider nos producteurs après l’appel passé par le ministre de l’Agriculture et la profession.
À quelles difficultés économiques faites-vous face dans la crise ?
Notre activité horticole souffre beaucoup avec la fermeture des jardineries et un fonctionnement des GMS qui n’est pas simple. Le e-commerce s’est fortement développé, mais il ne compense pas tout et des produits, de l’ordre de 5 à 10 % selon les familles, ont dû être détruits. En légumes, la crise a démarré dans l’intersaison. Nous avons donc pu gérer correctement les volumes. Mais la situation va changer à partir de mai, avec le démarrage de la saison de l’artichaut notamment. Les cadrans ont correctement fonctionné, avec des achats à distance et des prix corrects, compte tenu de l’appel à consommer français. Seuls les légumes anciens, mini-légumes et champignons ont un peu plus souffert. Les ventes vers la GMS ont compensé la perte des grossistes travaillant avec les marchés de plein vent. Nous rencontrons des difficultés de logistique avec des surcoûts, ainsi que d’emballages au moment où le pré-emballé se développe pour les produits snacking ou au poids calibré. Quant au chantier de notre station ultramoderne de Saint-Pol de Léon, qui doit être livrée en fin d’année, il n’est prévu que quinze jours de retard.