Constats, essais et avancées en légumes bio

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    Le CTIFL a consacré un webinaire « marché, conservation, qualité » dédié aux légumes en agriculture biologique.

    La croissance du marché des fruits et légumes bio est légèrement supérieure à la croissance du marché totale, avec 110 000 hectares (multipliés par 3,5 en dix ans) sur un total de 2 millions d’hectares pour la production agricole bio (multipliée par 3 en dix ans). Tel est le premier constat plutôt positif que Xavier Vernin, ingénieur prospective et études économiques au CTIFL a relevé*, lors du deuxième webinaire consacré aux légumes en agriculture biologique, le 11 mars dernier, en partenariat avec l’Itab et orienté sur les aspects marché et post-récolte. À noter également que « les fruits et légumes constituent le premier secteur de consommation sur le frais alimentaire et il y a une appétence des consommateurs bio plus forte pour les fruits et légumes bio », avec une part de marché des fruits et légumes bio de 17 % sur un marché alimentaire bio total de 11,3 Md€. Le trio tomate-carotte-courgette représente 60 % des dépenses en bio. « La part du bio progresse partout depuis cinq ans, sauf en salade », souligne Xavier Vernin. En 2020, année marquée par la crise de la Covid, les dépenses annuelles des ménages ont progressé par rapport à 2019 de 11 % sur le bio uniquement et de 13 % pour l’ensemble des fruits et légumes frais (bio et non bio confondu), selon le panel Kantar. Cette hausse des achats résulte surtout d’une modification des habitudes de consommation, de façon marquée pendant les deux confinements de 2020.

    D’autres présentations ont été développées l’après-midi « à partir de résultats récents, apportant des réponses concrètes aux producteurs », selon Juliette Pellat, ingénieure de recherche en maraîchage bio. La première partie s’est ouverte sur un point sur l’assortiment et les tendances dans les rayons bio (vrac, pré-emballé…), couplé à une présentation à date du contexte réglementaire en matière d’emballages (loi Agec) et les solutions existantes qui s’offrent aux professionnels (ou qui ne pourront bientôt plus être utilisées). Maxime Davy, ingénieur en expérimentation et productions légumières bio, a dressé pour sa part un état de l’art en matière de technique et de marché de la patate douce en AB. La deuxième partie a abordé des problématiques de conservation, notamment en potimarron et asperge blanche, associant des expérimentations à la fois de traitement post-récolte par trempage à l’eau chaude (TEC) et hydrocooling. En potimarron, on retient une apparition plus tardive des pourritures avec TEC, soit un allongement de la conservation à trois mois et à cinq mois, l’efficacité étant meilleure après deux minutes à 58 °C ou 60 °C. Il reste à confirmer cependant si la perte d’eau du produit est supérieure avec un TEC. En asperge, après plusieurs essais, il ressort que l’association TEC-hydrocooling est le meilleur compromis pour limiter le rosissement et la déshydratation. En melon, le projet Dimabel avait pour mission d’identifier les corrélations entre qualités du melon en fonction du choix variétal, de la conduite et des modalités du stockage post-récolte. Les résultats demeurent à approfondir – pas de différence significative perçue lors de tests de dégustation –, mais il semble que, dans les conditions de nutrition azotée sur un essai de 2018, la conduite en production intégrée a permis d’améliorer différents critères de qualité gustative et nutritionnelle. Enfin, le projet Semisbio mené sur la tomate noire du Layon portait sur une évaluation multicritère (variété, qualités organoleptique, nutritionnelle et hédonique), de la sélection bio paysanne à la commercialisation. Parmi les conclusions, on note un net effet de l’environnement sur la qualité globale, notamment sur les teneurs en sucres et acides, mais peu d’influence de la souche.

    Ces présentations sont disponibles sur le site du CTIFL. Et l’ensemble de ces travaux sera poursuivi par les deux instituts CTIFL et Itab, ainsi que les stations régionales impliquées sur ces programmes.

    * d’après l’Agence bio.

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