Agrivoltaïsme : une réponse collective aux enjeux de qualité de l’eau

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    Réunis autour du projet Terr’Arbouts, 35 agriculteurs landais ambitionnent d’installer 213 ha de panneaux photovoltaïques sur 700 ha pour restaurer la qualité de l’eau sur leur bassin d’alimentation de captages.

    Clémence Cantoni, chef de projet GLHD. © végétable

    Depuis plusieurs années, les aires d’alimentation des captages prioritaires de Pujo-le-Plan (forage « Les Bordes ») et de Saint-Gein (forage « Les Arbouts »), dans les Landes, sont confrontés à une problématique de pollution de l’eau, au S-métolachlore et au nitrate notamment. La culture de maïs, prépondérante au sein de la SAU (surface agricole utile) de ces 2 800 ha, est dans le viseur des autorités locales, qui ont réclamé un changement de pratiques agricoles d’ici 2028 pour améliorer durablement la qualité de l’eau. « Nous avons déjà divisé par deux nos IFT, mais tendre vers le zéro pesticide pour éviter ces épisodes de pollution est une démarche coûteuse, avec des rendements qui ne sont pas toujours au rendez-vous », explique Jean-Michel Lamothe, producteur de maïs semence et viticulteur.

    C’est ainsi qu’est né le projet Terr’Arbouts. Trente-cinq exploitations situées sur ces aires de captage d’eau se sont réunies en 2019 au sein de l’association Patav (Pujo Arbouts territoire agrivoltaïsme) pour s’engager collectivement dans l’agrivoltaïsme, avec pour objectif de « combiner nos cultures traditionnelles avec la production d’énergie solaire qui nous permettent de nous engager dans une transition agroécologique viable financièrement et durable ». Sur les 1 460 ha de SAU exploitée par les agriculteurs du collectif, 700 ha se sont révélés compatibles avec le développement de l’agrivoltaïsme. Sur 6 communes à l’est de Mont-de-Marsan, 46 îlots de 2 à 40 ha ont été sélectionnés pour accueillir des panneaux en concertation avec les élus, les riverains, les écologues et les associations.

    Nouvelles pratiques agricoles

    Ce qui fait la singularité du projet Terr’Arbouts, c’est la solidarité entre les agriculteurs de l’association, puisque ceux dont les parcelles sont incompatibles avec l’installation de panneaux photovoltaïques bénéficieront, au même titre que les autres, de la redistribution des revenus issus du solaire. « Cette mutualisation des revenus permettra d’amortir les coûts d’investissement liés à la mise en œuvre de nouvelles pratiques agricoles et aux baisses de rendement associées », affirme Jean-Michel Lamothe. 

    En parallèle, les agriculteurs ont travaillé avec la Chambre d’agriculture des Landes et plusieurs bureaux d’études pour identifier les cultures compatibles avec l’agrivoltaïsme et définir leurs itinéraires techniques. Pour répondre à l’objectif prioritaire de protection de la ressource en eau, le collectif Patav a recherché des cultures, dites à bas niveau d’intrants.

    « Sur les parcelles, des rotations de cultures fourragères, d’oléagineux et de cultures riches en Oméga-3 ont été retenues, comme le chia, la cameline, le lin ou le chanvre. Les agriculteurs bénéficient aussi des retours d’expérience des essais réalisés sur le démonstrateur Agrolandes équipé de tracker, où d’autres cultures sont testées com‡me le haricot rouge, les asperges vertes et la menthe », explique Clémence Cantoni, chef de projet GLHD (Green Lighthouse Développement), société bordelaise spécialisée dans l’ingénierie agrivoltaïque, qui compte notamment EDF Renouvelables parmi ses actionnaires.

    « Ces productions ont été choisies car elles conviennent bien à la culture sous panneaux, qui permettent une mécanisation des chantiers. » Elles répondent aussi aux demandes d’entreprises du territoire comme Biolandes, qui cherche à relocaliser la production de menthe poivrée en France pour ses extraits utilisés en parfumerie, ou Aqualande, intéressée par la fourniture de tourteaux et d’huiles comme alimentation pour l’élevage de truites.

    Voir également notre article sur l’agrivoltaïsme dans le magazine n°423 de juillet-août.