Le projet Microsof est la première étude qui caractérise l’ampleur de la contamination des sols français par les microplastiques. Son rapport final a été publié par l’Ademe.
À ce jour, la majorité des recherches sur les plastiques dans l’environnement s’est concentrée sur le milieu marin, considéré comme le réceptacle final de tous ces déchets. L’émergence récente des études sur le milieu terrestre a révélé la présence de microplastiques dans divers types de sols, des zones les plus densément peuplées aux plus reculées. Les principales sources de plastique dans les sols comprennent l’épandage de boues d’épuration et de composts, l’utilisation de paillages plastiques, l’irrigation avec des eaux usées et le dépôt atmosphérique.
Les plastiques sont présents partout dans notre quotidien. Selon leurs usages, leur collecte peut être faible et beaucoup finissent dans l’environnement. 60 % de tous les plastiques produits entre 1950 et 2015, soit 4 900 Mt, ont été jetés et s’accumulent dans les décharges ou dans l’environnement naturel, où ils sont exposés à divers facteurs de dégradation (rayonnement solaire, température, humidité, interactions diverses avec le vivant…) qui peuvent mener à leur fragmentation en mésoplastiques (de 20 à 5 mm), microplastiques (inférieurs à 5 mm), et nanoplastiques (de moins de 1 mm).
Les zones soumises à une forte influence anthropique telles que les zones agricoles ou urbaines sont particulièrement touchées par cette contamination. La présence de décharges, l’utilisation de paillages plastiques et d’engrais enrobés, l’épandage de boues d’épuration et de déchets organiques urbains (composts, déchets de méthanisation…), l’utilisation d’eaux usées pour l’irrigation, mais aussi le dépôt atmosphérique et le ruissellement de surface pouvant transporter diverses particules font de ces milieux des réceptacles de micro et nanoplastiques.
L’ampleur de cette contamination
Bien que le nombre d’études sur la contamination des sols par les microplastiques augmente chaque année, peu d’études ont été menées sur le sujet en France. Le projet Microsof semble être la première étude cherchant à caractériser l’ampleur de cette contamination à l’échelle de la métropole française, sur des sols soumis à différentes utilisations (notamment agricoles) et n’ayant pas reçu d’apports directs de plastiques par le biais d’applications de boues ou de paillages.
Sur les 33 sols analysés, 25 contenaient des microplastiques, soit 76 %. La majorité des échantillons de sol de grandes cultures (17 sites/21), prairies (4 sites/4) et vignes et vergers (3 sites/4) étaient contaminés, contre un seul échantillon de forêt (1 site/4), suggérant un risque accru de pollution par les microplastiques des sols soumis aux interventions humaines par rapport aux espaces naturels. Cependant, les résultats et les enquêtes de terrain n’ont pas permis d’identifier clairement les sources de pollution.
De nouvelles études ciblant des sols sans apport connu de plastiques ou soumis à d’autres sources de contamination sont donc nécessaires pour compléter ces premiers travaux.