Le cabinet d’études Nielsen IQ a dévoilé le bilan conjoncturel 2024 et les perspectives 2025 en matière de grande distribution et de produits de grande consommation.
Qu’en est-il du pouvoir d’achat, des tendances de consommation, du rapport au prix ?
- Le pouvoir d’achat reste au cœur des préoccupations des Français. Signe encourageant pour les mois à venir : les prix de l’alimentaire ont reflué en 2024 (-4,6 % de déflation observée entre février et décembre 2024).
- Autre point marquant de l’analyse de Nielsen IQ : bien que la hausse des factures se soit poursuivie sur des postes de dépenses essentiels pour les Français (électricité +10 %, mutuelle +8 %), la proportion de foyers « fragilisés » diminue pour la première fois depuis 2020. L’alimentaire n’est pas la variable d’ajustement de budget des ménages. 47 % ont par exemple réduit leurs dépenses d’habillement, 46 % leurs dépenses de loisirs hors domicile.
- Les grandes surfaces alimentaires sont, à nouveau, un des secteurs les plus résilients de la consommation. En grandes surfaces, le recul des volumes est compensé par le retour de la valorisation. En effet, les volumes peinent à revenir en grande distribution (-0,3 % en 2024 de volumes pour les PGC FLS vs 2023). Pourtant les poches de croissance existent. Par exemple, le e-commerce est ressorti grand gagnant de l’exercice 2024 avec une nouvelle année record (+8,2 % d’évolution du CA 2024 vs 2023 pour l’e-commerce Brick & Mortar). Le e-commerce est un atout pour les enseignes et source tous les circuits (proximité urbaine, rurale, et même les solderies).
- Côté tendances 2024, la recherche du meilleur prix reste ancrée dans les habitudes mais perd nettement en importance pour les shoppers (-6 % vs 2023). Les Français sont parmi les moins « sensibles au prix » en Europe, avec près de 30 % des produits pour qui le prix fond de rayon impacte peu la performance.
- Concernant les marques, les MDD (marques de distributeurs) se montrent encore gagnantes en 2024. Leur part de marché a évolué de +0,6 point en France en 2024. Cependant, la fin d’année et la déflation ont mis fin à presque trois ans de gain de PDM UC continue pour les MDD. Selon les données de Nielsen IQ, les ventes de produits des MDD ont représenté 45,5 % des achats en volume contre 51 % en Allemagne et au Royaume-Uni, jusqu’à 56 % en Belgique. A l’opposé, la proportion est de 37 % en Italie et 25 % en Norvège.
- Enfin, au-delà des moteurs de croissance cités plus haut, les catégories de produits restent évidemment un élément central. Les plus dynamiques en 2024 se démarquent par leur capacité à élargir leur taille de clientèle (80 % des catégories en croissance volume ont recruté en 2024). Point marquant et constant : le plaisir reste encore et toujours le pilier de la consommation le plus résilient. Pour preuve : +24 millions de tablettes de chocolat vendues en plus en 2024. Encore une fois, le plaisir est mis à l’honneur alors que les foyers arbitrent en priorité sur des catégories du quotidien.
- Le rapport au prix : les Français revendiquent aussi l’envie de « mieux » consommer pour eux, leur territoire (la région) ou pour la planète.
- 85 % des alternatives (naturel, sans gluten, végétal, etc.) sont en croissance via la demande et l’offre.
- Alors que 2024 a été marquée par les crises et mouvements agricoles, les Français confirment leur attachement au terroir. 47 % des foyers sont disposés à consacrer une part plus importante de leur budget à des marques s’engageant fortement auprès des agriculteurs français.
- En ce qui concerne les produits « bons pour la planète », 41 % des foyers sont disposés à payer plus cher pour des produits équitables ou respectueux de l’environnement. Le bio est en meilleure forme mais reste en difficulté : malgré tout, un produit alternatif vendu sur cinq est un produit bio.
Quelles perspectives en 2025 et au-delà ?
Marques et enseignes sont invitées à considérer les transformations structurelles de la société et de la population, pour anticiper la consommation de demain.
- Les seniors sont désormais plus nombreux que les jeunes. Ils représentent le premier contingent d’acheteurs (29 %). Leurs habitudes de consommation sont différentes. Dès lors, l’offre de produits va devoir s’adapter à cette cible en praticité, fonctionnalité, texture, taille des portions, circuit de vente, etc.
- Les foyers vont rétrécir, mais ils seront plus nombreux. Le fort développement de la monoparentalité, la tendance forte du DINK (Double Income, No Kids), ou bien encore l’allongement des études en sont la preuve. En chiffres, Nielsen IQ révèle que l’évolution du nombre de foyers acheteurs PGC FLS selon la taille du foyer (CAM P13 2024 vs CAM P13 2021) a subi une baisse de -9 % sur les foyers de plus de 5 personnes, alors que les foyers d’une personne ont connu une croissance de +10,4 %.
- À la conquête de l’Ouest : l’évolution du réseau de transport, des modes de travail (télétravail) ont pour conséquence de voir la population se déplacer vers l’ouest du pays. L’impact sur les PGC-FLS est notable avec une France coupée en deux en matière d’évolution des ventes UC par région. Quand les ventes des régions du Sud est du pays sont en décroissance (-2,4 %), celles du Sud-Ouest connaissent une croissance de +1,4 %.
- La digitalisation des modes de vie : 23 % des Français utilisent une application de livraison de repas à domicile au moins 2 à 3 fois par mois. 4 % des Français ont déjà souscrit à un abonnement à une box vins/spiritueux. De nombreux produits, services et loisirs du quotidien sont accessibles en ligne. La digitalisation et les abonnements lèvent les barrières entre consommation « à » et « hors » domicile, rendant moins indispensables les courses en GMS.