Avec une récolte 2024 historiquement basse, la coopérative Unicoque est concrètement menacée par l’urgence phytosanitaire en noisettes.
« La situation actuelle est une illustration caricaturale des impasses techniques dans lesquelles se trouve la production française », résume Jean-Luc Reigne, directeur de la coopérative Unicoque. Des attaques massives de punaise diabolique et de balanin (ou ver de la noisette), contre lesquelles les producteurs de la coopérative Unicoque n’ont pu lutter, faute de molécules phytosanitaires efficaces ayant une autorisation d’usage sur le territoire français, ont dévasté une grande partie des 7 000 hectares de vergers de noisettes.
Sur un potentiel de production de noisettes de 13 000 tonnes en 2024, seules 6 500 tonnes ont ainsi pu être récoltées, 50 % des fruits ayant avorté tout au long du cycle de culture, atteints en particulier par le ravageur historique de la noisette, à savoir le balanin (Curculio nucum). Puis à la livraison des – maigres – récoltes fin septembre, la coopérative a constaté que près de 30 % des fruits se révélaient non commercialisables, rendus impropres à la consommation par le deuxième principal ravageur de la noisette, la punaise diabolique (Halyomorpha halys), émergente depuis 2015.
Un déficit projeté de plusieurs millions d’euros
« Il est attesté que les producteurs et la coopérative Unicoque ont été confrontés collectivement à une situation qui n’était pas anticipable et qui ne pouvait être maîtrisée dans les conditions de moyens de lutte règlementairement autorisés », reconnaît la Direction régionale de l’agriculture de l’alimentation et de la forêt, mandatée pour un constat officiel. Par conséquence, la coopérative se prépare à affronter des difficultés économiques sur son exercice 2024/2025, avec un déficit projeté de plusieurs millions d’euros.
« Loin des causes habituelles de difficulté économique de gestion ou de marché, cette situation inédite est liée à une crise de matière première engendrée par la politique phytosanitaire ultra restrictive de la France », affirme Thierry Descazeaux, président de la coopérative. « Nous demandons à l’État de prendre ses responsabilités et d’enfin harmoniser les règles entre la France, l’Espagne et l’Italie au nom de la lutte contre la distorsion de concurrence, de la souveraineté alimentaire et de la non-exportation des pollutions. »