Les prévisions de récolte d’abricot pour 2023 ont été dévoilées à l’occasion du Medfel, à Perpignan, le 26 avril dernier. Retour sur les annonces des quatre principaux pays producteurs en Europe.
« La récolte européenne sera globalement en baisse de 7 % par rapport à 2022, qui était une année atypique. Avec des tendances différentes dans les différents bassins de production », a indiqué Eric Hostalnou, chef du service fruits et légumes à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, en charge de la compilation des prévisions. La sécheresse sévit un peu partout cette année, mais plus particulièrement des deux côtés des Pyrénées, où la situation est qualifiée de très inquiétante. Les arboriculteurs espèrent tous une évolution favorable dans les prochaines semaines, faute de quoi cela aura un impact au mieux sur le calibre, au pire sur la survie du matériel végétal.
• L’Espagne revient à un niveau de production normal, juste en dessous de 100 000 tonnes, après une année 2022 catastrophique. « Particulièrement en Aragon et Catalogne, touchées par de fortes gelées au printemps 2022, entraînant des pertes de 75 à 80 % de la production de fruits à noyau. La campagne a donc été très courte », a témoigné Manel Simon, directeur d’Afrucat. Au Nord de l’Espagne, la production d’abricot devrait retrouver un niveau normal avec 11 000 tonnes annoncées en 2023, mais avec de fortes incertitudes sur l’eau, suite notamment à la fermeture récente du canal de Lérida (qui irrigue 9 % de l’abricot de Catalogne). La région de Castilla-La Mancha a été affectée par le gel cette année et limite sa prévision à 14 000 tonnes.
La campagne 2022 avait été moins défavorable pour la zone de Murcie, « avec néanmoins de la grêle au mois d’avril et des pluies torrentielles en février-mars qui avaient réduit de 24 % le potentiel par rapport à 2021 », a rappelé Santiago Vasquez, représentant la fédération des coopératives espagnoles. Pour 2023, Murcie prévoit environ 40 000 tonnes, les zones les plus précoces ayant eu des problèmes de nouaison à cause des températures très élevées fin mars. L’Espagne subit également une forte augmentation des coûts depuis quelques années (notamment d’emballage, barquettes, packaging) et une hausse remarquable du Smic, qui n’est pas encore répercuté sur les prix de vente. La campagne 2022 a connu de meilleurs prix que les années précédentes (+30 à 40 %), liée à la faiblesse de l’offre. « Mais compte tenu de l’augmentation des coûts de production et malgré la réduction de la marge commerciale, ces cours élevés n’ont pas suffi à compenser le manque de volume espagnol » ,a commenté Santiago Vasquez. « On ne peut pas maintenir les prix historiques. Il faut couvrir les coûts pour maintenir un tissu vivant de production dans toute l’Europe. »
- • En France, la récolte 2023 devrait être équivalente à 2022, avec près de 126 000 tonnes d’abricot, dont 69 200 tonnes dans la région Auvergne-Rhône Alpes, un peu en retard, une production stable autour de 17 000 tonnes en Provence-Alpes-Côte d’Azur et seulement 39 000 tonnes en Occitanie, affectée par la sécheresse. « Après des années compliquées, on a enfin retrouvé un équilibre. Le potentiel est assez bon, on est plutôt optimiste, même si des incertitudes sur le calibre subsistent, si la canicule s’invite à nouveau cet été », a affirmé Bruno Darnaud, président de l’AOP Pêches et Abricots de France. « L’année 2022 a bénéficié d’une météo favorable à la production et à la consommation. Mais le volume global a diminué par rapport à 2009-2010. Avec moins de 2 % de renouvellement, le verger français est vieillissant, il faut relancer les volumes. » L’hiver plutôt clément a apporté suffisamment de froid pour la mise à fruit, « mais on dénombre beaucoup de fruits doubles dus aux excès de chaleur de l’été dernier », a précisé Estelle Alarcon, directrice de La Melba. Dans les Pyrénées-Orientales, la problématique de l’eau est le sujet du moment. « Le potentiel en abricot précoce dépendra des décisions d’arrêtés de sécheresse. »
- • Après une campagne pléthorique en 2022 (275 000 tonnes), l’Italie s’attend à une baisse de sa production d’abricot, estimée à 203 000 tonnes en 2023. « Dont 135 000 tonnes au sud et 47 000 tonnes seulement en Émilie-Romagne, suite au gel sur certains vergers en plaine » a précisé Tomas Bozzi. Ce recul est notamment lié à une baisse des surfaces de vergers due à des investissements dans la filière. La production italienne devrait arriver tardivement en 2023. « Il nous est encore difficile de faire des prévisions de marché, mais il y aura suffisamment de production pour couvrir le calendrier de commercialisation de mai à août. »
- • En Grèce, la récolte 2023 devrait se situer à 76 000 tonnes, équivalent à la campagne précédente, mais toujours en déficit de 30 % par rapport à une année normale (autour de 105 000 tonnes) et inférieure de 6 % par rapport à la moyenne 2017-2021. Par ailleurs, la disponibilité de la main d’œuvre remet en cause certaines récoltes en Grèce.